Dundee, Québec
Le site est situé sur la rive sud du lac Saint-François, à 50 km en amont de la localité de Salaberry-de-Valleyfield, dans le sud du Québec. Le lac Saint-François est un élargissement du fleuve Saint-Laurent qui se situe à la frontière du Québec, de l'Ontario et de l'État de New York. Il s'agit d'un lac peu profond (6 m) dont le niveau de l'eau ne fluctue pas en raison des barrages situés en amont.
Les deux tiers de la réserve nationale de faune sont couverts de marais dans lesquels on retrouve quelques étangs et canaux. Le mélèze laricin, l'érable rouge, l'érable argenté, l'aulne et le saule sont également présents dans cet habitat. L'érable à sucre et le tilleul dominent, quant à eux, le reste du territoire. Les autres espèces incluent le hêtre, le frêne blanc, la pruche du Canada, le frêne noir, le peuplier et le rare orme liège. Le site comprend une grande variété de plantes, dont 40 espèces locales ou rares à l'échelle de la province, incluant le sumac à vernis et le trille penché.
Le lac Saint-François constitue également un important refuge pour les amphibiens et les reptiles, tels que la grenouille des marais, la couleuvre d'eau et la salamandre pourpre, ainsi que pour 45 espèces de poissons pendant la période de frai.
Le site accueille un grand nombre de canards en période de mue ou en migration. Au printemps, le lac héberge l'une des plus fortes concentrations de canards barboteurs du Saint-Laurent. On y a ainsi déjà recensé jusqu'à 10 000 fuligules milouinans, un chiffre significatif au niveau national. Les grands rassemblements de fuligules (jusqu'à 7 000 individus) sont habituels à cet endroit. Le lac est également fréquenté par plusieurs autres espèces sauvagines, incluant la bernache du Canada, le canard noir, la sarcelle à ailes bleues, le canard pilet, le fuligule à collier, le garrot à 'il d'or et le harle huppé. Au printemps, il n'est pas rare que les effectifs d'oiseaux aquatiques atteignent 10 000 individus. Au total, 232 espèces dont 119 espèces nicheuses ont été dénombrées à cet endroit. La grive fauve est l'espèce la plus abondante parmi les oiseaux forestiers nicheurs, alors que le troglodyte des marais, le bruant des marais, la paruline masquée, la paruline jaune et le carouge à épaulettes comptent parmi les espèces les plus communes chez les oiseaux fréquentant les marais. Le site s'avère également le plus important territoire de nidification pour le troglodyte à bec court au Québec (28 mâles chanteurs y ont déjà été entendus). Parmi les 20 sites fréquentés par cette espèce au Québec, il s'agit du seul endroit où elle niche annuellement, et il s'agit probablement d'un des plus importants sites pour cette espèce dans l'est du Canada (à l'exception des baies James et d'Hudson). En contrepartie, la colonie de sternes pierregarin a décliné considérablement en 4 ans, passant de 200 à 24 individus. Quelques espèces menacées au niveau national nichent sporadiquement à cet endroit. C'est le cas notamment de la pie-grièche migratrice, du pic à tête rouge, du petit blongios, du râle jaune, de la buse à épaulettes et du hibou des marais. La nidification du troglodyte à bec court, une espèce susceptible d'être désignée menacée ou vulnérable au Québec, est également probable sur le site. Depuis quelques années, on observe également des nichées réussies de gobemoucherons gris-bleu et de grues du Canada, deux espèces peu communes au Québec. Le faucon pèlerin, une espèce désignée vulnérable au Québec et préoccupante au Canada y est aussi observé à l'occasion au cours de la période migratoire ou durant l'été.
Les pesticides et les fertilisants utilisés pour les cultures se retrouvent dans le milieu aquatique. La présence de chalets aux abords du lac pourrait également contribuer à la dégradation du rivage. Le site a été désigné Réserve nationale de faune ainsi que site Ramsar en 1987, et est inclus dans une zone d'intervention prioritaire (ZIP). Des sentiers et des passerelles ont été érigés afin de protéger l'environnement contre la surutilisation du territoire découlant des activités de récréation. Un projet visant à contrôler l'expansion de l'aulne dans le milieu occupé par le carex est en cours. La conservation de cet habitat est essentielle pour la sauvegarde du râle jaune et du troglodyte à bec court. En 2013, Les Amis de la réserve nationale de faune du Lac-Saint-François ont réalisé plusieurs actions de conservations dans la ZICO, dont le nettoyage des rives du lac Saint-François, près d'une cinquantaine de randonnées guidées sur l'eau, des randonnées pédestres guidées avec les clubs ornithologiques du sud de la province et le grand public, ainsi que la mise en 'uvre d'un programme de surveillance des marais au sentier de la digue aux Aigrettes.
Une variété de poissons dulcicoles et diadromes cohabitent dans les différents habitats de cette ZICO. On peut trouver entre 70 et 80 espèces au total (incluant les mentions historiques) dans le secteur. Plusieurs espèces, telles le grand brochet, la perchaude et la carpe fréquentent les herbiers aquatiques et les zones inondables pour la fraie, l'alevinage et l'alimentation. D'autres, comme le doré jaune, l'espèce d'eau douce ayant la plus grande importance économique au Canada, préfèrent plutôt frayer en eaux vives. Une particularité de ce secteur est la présence de salmonidés (truites brunes et arc-en-ciel, et saumons) introduits pour la pêche sportive. Les saumons sont introduits dans les Grands Lacs et quelques-uns dérivent jusqu'au fleuve où ils sont parfois capturés par des pêcheurs sportifs. Il y a également de petits ensemencements de truites brunes et arc-en-ciel dans les zones de courant (dans le fleuve) pour la pêche sportive.
Plusieurs pressions menacent la disponibilité des habitats du poisson : la création de remblais, l'artificialisation des rives, l'expansion résidentielle, commerciale et industrielle ainsi que le développement du réseau routier, tandis que les rejets agricoles, industriels et urbains détériorent la qualité de l'eau. Le dard de sable, entre autres, est très vulnérable à la pollution et figure maintenant sur la liste des espèces menacées. Parmi les autres espèces en péril fréquentant le site, on trouve l'esturgeon jaune, le fouille-roche gris, le méné d'herbe, l'anguille d'Amérique et des mentions historiques de chevalier cuivré, un poisson endémique du Canada désigné en voie de disparition. De plus, la présence d'espèces envahissantes, comme le gobie à taches noires, met en danger la dynamique naturelle des écosystèmes et la régulation du niveau de l'eau à partir des Grands Lacs présente des risques pour les habitats de reproduction de certaines espèces.
Principales espèces présentes :
Achigan à petite bouche
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Carpe
Chevalier cuivré
Dard de sable
Doré jaune
Esturgeon jaune
Fouille-roche gris
Grand Brochet
Maskinongé
Méné d'herbe
Perchaude
Truite brune
Truite arc-en-ciel
Saumon
Le secteur est caractérisé par des eaux claires et alcalines ayant un débit lent. Ceci favorise le développement d'herbiers aquatiques qui peuvent couvrir jusqu'à 50 % des plans d'eaux. Les herbiers submergés sont dominés par la vallisnérie américaine et le myriophylle à épi, tandis que les marais émergents sont peuplés par les scirpes, les sagittaires et les quenouilles. Plusieurs espèces de canards s'alimentent dans ces milieux, dont les fuligules qui affectionnent particulièrement la vallisnérie américaine.
L'érosion des berges, que ce soit en raison des facteurs naturels (vents, cycles de gel et de dégel, absence de glace pour protéger les berges au printemps) ou humains (vagues provoquées par le passage des navires), menace les habitats riverains. Les variations du niveau d'eau dans le corridor fluvial influencent l'écologie des espèces végétales et animales qui y vivent. Une diminution importante et prolongée des périodes d'immersion des berges pourrait avoir des conséquences sur la flore en favorisant la croissance d'espèces végétales plus terrestres, à caractère arbustif et même arborescent. En outre, la propagation d'espèces envahissantes exerce des pressions considérables sur la flore indigène de ces habitats.
Principales espèces présentes :
Myriophylle à épi – espèce envahissante
Quenouille à feuille étroites
Quenouille à feuilles larges
Sagittaire dressée
Sagittaire latifoliée
Scirpe d'Amérique
Scirpe des étangs
Vallisnérie américaine