Lagune du Havre aux Basques et plage de l'Ouest (QC003)

Lagune du Havre aux Basques et plage de l'Ouest (QC003)

Îles-de-la-Madeleine, Québec

Description du site

La lagune du Havre aux Basques est située entre l'île du Havre Aubert et l'île du Cap aux Meules, à l'intérieur de l'archipel des Îles-de-la-Madeleine. Elle est bordée de chaque côté par une série de dunes presque parallèles qui relient les deux îles, qui sont distantes de près de 11 km. La partie sud de la lagune est caractérisée par son plan d'eau ouvert alors que le nord se compose surtout d'un réseau de canaux entourant des îlots sablonneux et de prairies salines. En 1956, la construction de la route provinciale 199 sur le côté est de la lagune a fait en sorte que deux des trois ouvertures donnant sur le golfe du Saint-Laurent ont été obstruées. Depuis leur fermeture, il a été noté que les dépôts de sable à l'intérieur de la lagune étaient plus importants et que le niveau moyen des marées avait, quant à lui, diminué. L'ensemble de dunes et la plage qui se trouvent du côté ouest sont généralement connus sous le nom de dune et plage de l'Ouest. La partie est comprend, quant à elle, les plages de La Martinique et de Havre-Aubert, qui constituent une autre ZICO.

Oiseaux

Le site de la lagune du Havre aux Basques et de la plage de l'Ouest abrite un nombre significatif de Pluviers siffleurs et de Sternes pierregarins durant la saison de nidification ainsi que d'importantes concentrations de limicoles au cours de la migration automnale.

On retrouve le Pluvier siffleur, une espèce vulnérable au niveau mondial et en danger de disparition au niveau national, sur la plage de l'Ouest, qui constitue l'un des principaux territoires de nidification pour cette espèce à l'intérieur de l'archipel des Îles-de-la-Madeleine. Depuis 1979, il a été noté que plus de 1 % de la population canadienne se concentrait dans ce secteur. Entre 1994 et 1998, il a été calculé qu'en moyenne 10 couples nichaient à cet endroit chaque année, le plus grand nombre de couples ayant été de 14, en 1995, une moyenne qui représente 5 % de la population de l'Atlantique canadien.

La Sterne pierregarin occupe, quant à elle, différentes îles de la lagune qu'elle partage avec un petit nombre de Sternes arctiques. En 1990, la population de Sternes pierregarins a été évaluée à 1510 individus, ce qui équivaut à environ 1,5 % de la population estimée de cette espèce en Amérique du Nord. Le site est également reconnu pour avoir hébergé à deux reprises, soit en 1982 et 1983, un couple de Sternes de Dougall, une espèce en danger de disparition au niveau national. Malheureusement, aucune autre mention n'a été enregistrée depuis. Parmi les autres espèces dignes de mention nichant à cet endroit, on retrouve la Mouette rieuse, une espèce originaire d'Europe. Depuis 1981, 6 couples en moyenne ont occupé la partie nord de la lagune; il s'agit d'une des deux colonies connues du golfe du Saint-Laurent.

Au cours de la migration automnale, les marais peu profonds, les plages et la lagune fournissent une abondante nourriture et un habitat idéal pour une grande variété de limicoles. Il a ainsi été calculé que près de 55 % des oiseaux de ce groupe qui effectuent leur migration dans le secteur du golfe du Saint-Laurent utilisent le site comme aire de repos. En 1973, le total saisonnier faisait état de 21 712 individus. Il arrive à l'occasion qu'un très grand nombre de Bécassins roux soient observés durant cette période; les recensements de 1981 rapportent par exemple 7619 individus de cette espèce, ce qui représente plus de 2 % de la population mondiale. De plus anciens inventaires révèlent également la présence d'un grand nombre de Bécasseaux à croupion blanc (6000, en 1956). Un bon nombre de Courlis corlieux, de Bécasseaux semipalmés, minuscules et maubèches, de Grands Chevaliers (700, en 1974) et de Pluviers argentés (1500, en 1974, soit près de 1 % de la population de l'Amérique du Nord) ont aussi été recensés à cet endroit. Quant au Petit Chevalier, à la Barge hudsonnienne et au Pluvier semipalmé, ils se retrouvent tous sur la liste des visiteurs fréquents. La Sterne caspienne et le Canard noir comptent aussi parmi les espèces qui ont été observées à plusieurs occasions.

Enfin, il arrive parfois qu'un nombre important de Grands Cormorans soient aperçus dans le secteur (ils nichent non loin du site), mais généralement, ils sont surtout observés en vol. Le Hibou des marais a aussi déjà niché à cet endroit entre 1987 (et peut-être plus tôt) et 1993, mais n'a pas été revu depuis.

Enjeux de conservation

Les observateurs d'oiseaux apprécient beaucoup ce site, car il présente une grande diversité d'oiseaux tout en étant facilement accessible. Cette facilité d'accès possède toutefois un revers puisqu'un nombre croissant de visiteurs pourrait avoir un impact négatif sur l'endroit. L'utilisation importante des véhicules tout terrain a déjà causé beaucoup de dommages, détruisant la fragile végétation et dérangeant les oiseaux nicheurs, et plus particulièrement le Pluvier siffleur.

Depuis 1987, des recherches sont effectuées à cet endroit en vue d'amasser de l'information sur le Pluvier siffleur. Ces renseignements servent notamment à mettre sur pied des programmes de sensibilisation qui visent à aider les résidents et les touristes à mieux comprendre les menaces qui pèsent sur cette espèce. Durant la saison de nidification, des panneaux sont maintenant installés afin de délimiter les secteurs où nichent les oiseaux.

Il est à noter qu'un secteur de la lagune du Havre aux Basques a aussi été désigné comme Zone d'interdiction de chasse. Ce secteur s'étend de l'est vers l'ouest, de la côte de la baie de Plaisance à celle du golfe du Saint-Laurent, sur une distance de 200 m et du nord au sud à partir de 47º19'20" N. jusqu'à 47º18' N.

Enfin, il est bon de souligner que la plage de l'Ouest a déjà été contaminée par les hydrocarbures lorsque l'Irving Whale s'est échoué entre l'Île-du-Prince-Édouard et l'archipel en 1970. À cette époque, les gens avaient simplement récolté le pétrole dans des sacs et enterré ces derniers dans les dunes. Il est possible de retrouver à l'occasion quelques-uns de ces sacs sur la plage.

Habitat du poisson

Situé dans une zone sablonneuse, le secteur se définit principalement par la présence de marais salants où trouvent refuge de nombreux poissons et invertébrés marins. Comme les rives des lagunes présentent en général une pente faible, les fines particules en suspension dans l'eau de mer, riches en éléments nutritifs, s'y déposent, favorisant le développement de ces marais au fur et à mesure que le fond de la lagune s'élève. Aux Îles, les lagunes servent à l'aquaculture, à la cueillette de mollusques et aux activités récréatives. Le faible courant sévissant dans les herbiers de zostère en fait un milieu adéquat pour les poissons de petite taille, comme l'épinoche et le capucette, la tanche tautogue, le choquemort, ainsi que les espèces benthiques, dont le crabe commun. Le crangon, aussi appelé crevette de sable, peuple en grand nombre le milieu. Par leur situation, leurs échanges avec la mer et leur faible profondeur, les lagunes constituent des habitats privilégiés pour la croissance du homard et la reproduction de nombreuses autres espèces maritimes telles le hareng, la plie rouge, le poulamon et l'éperlan.

Les principales pressions sur les lagunes et l'habitat du poisson sont liées aux activités humaines qui se sont multipliées au cours des dernières décennies : l'aquaculture, les activités nautiques, la pêche récréative et les infrastructures routières en sont quelques exemples. Le rejet des eaux usées et l'ensablement sont également des enjeux préoccupants pour la qualité et la pérennité de ces habitats.

Principales espèces présentes :
Anguille d'Amérique
Crabe commun
Crangon (crevette de sable)
Capucette de l'Atlantique
Choquemort
Éperlan arc-en ciel
Épinoche
Homard d'Amérique
Plie rouge
Poulamon atlantique
Tanche tautogue

Catégories ZICO Habitats Usages Menaces Potencielles ou Existantes Status de Protection

• Bécassin roux7 619 (max.)
• Mouette rieuse133 (max.)
• Courlis corlieu1 000 (max.)
• Mouette pygmée2 (max.)
• Pluvier siffleur23 (max.)
• Sterne de Dougall3 (max.)
• Pluvier semipalmé1 400 (max.)
• Mergule nain8 (max.)