Contrecoeur, Québec
Les îles de Contrecoeur sont situées à l'intérieur du fleuve Saint-Laurent, à environ 75 km en aval de la ville de Montréal, près de la localité de Contrecoeur. L'archipel comprend 29 îles qui s'étalent sur une longueur de plus de 10 km, de l'île au Dragon, à l'ouest, à l'île au Coeur de Pierre, à l'est. Au printemps, certaines îles sont complètement submergées. Les îles sont presque entièrement recouvertes d'herbes (principalement de roseaux). On retrouve également de vastes herbiers émergents entre certains îlots. Les marais moins profonds sont, quant à eux, peuplés de quenouilles, de scirpes et de sagittaires. Une petite frênaie rouge subsiste également sur une des îles.
Les îles de Contrecoeur s'avèrent un site de nidification significatif au niveau mondial pour le Goéland à bec cerclé. On y a en effet enregistré une moyenne de 11 761 couples au cours des années 90, ce qui équivaut à plus de 1 % de la population mondiale pour cette espèce. La Guifette noire, la Sterne pierregarin, le Goéland argenté et le Goéland marin nichent également à cet endroit.
Le site constitue également une importante aire de nidification pour les canards barboteurs. Ceci est particulièrement vrai pour le Canard chipeau qui y est présent en bon nombre. Au printemps, les îles sont également une importante aire de repos pour le Petit Garrot et le Garrot à oeil d'or. Plus de 2 % de la population totale du Saint-Laurent pour ces deux espèces peut être aperçue à cet endroit.
Le site héberge aussi une grande diversité d'oiseaux nichant dans les marais, tels que le Butor d'Amérique, la Gallinule poule-d'eau, la Guifette noire, le Grèbe à bec bigarré, le Râle de Virginie, le Troglodyte des marais et le Bruant des marais. Les Bruants des prés et chanteur et le Moucherolle des saules s'avèrent, quant à eux, des espèces communes des milieux composés de hautes plantes herbacées et d'arbustes. Le site accueille également près du tiers de la population nicheuse de Phalaropes de Wilson de la province ainsi qu'un petit nombre de Bruants de Nelson et de Troglodytes à bec court. Le Grand Héron y est aussi présent durant la même saison. La Sterne caspienne y a aussi été observée durant cette période, mais aucune mention de nidification n'a encore été rapportée. À la fin de l'été, des milliers d'hirondelles utilisent également les herbiers qui se trouvent au nord de l'île Saint-Ours comme dortoir.
Le dérangement volontaire ou non par les humains et la prédation causée par le renard roux sont des facteurs potentiels qui pourraient affecter les oiseaux.
Le site, riche en herbiers aquatiques et milieux humides dans les secteurs insulaires, constitue une aire de fraie à fort potentiel pour de nombreuses espèces de poissons, dont le grand brochet, le doré noir, la barbotte brune, l'achigan à petite bouche et la perchaude. Certaines autres espèces comme l'esturgeon jaune utilisent plutôt les frayères disponibles en eaux vives. Plus de 53 espèces fréquentent ce secteur. Diverses espèces y font l'objet de pêche commerciale et sportive, notamment l'alose savoureuse qui attire de nombreux pêcheurs à la ligne durant la période de fraie, à la fin mai et au début juin. La région accueille également plusieurs espèces en péril tels le chevalier cuivré, un poisson endémique du Québec en voie de disparition, l'esturgeon jaune, une espèce menacée au Québec, et l'anguille d'Amérique, une espèce préoccupante au Québec.
La destruction des frayères et des habitats aquatiques en milieux humides menace le succès de reproduction des populations ichthyennes. L'artificialisation des rives, l'agriculture sur les îles, la villégiature ainsi que la navigation de plaisance et commerciale (érosion des rives par le batillage) en sont les principales causes. De plus, certaines espèces, comme le doré jaune, sont affectées pas la diminution de la qualité de l'eau, principalement attribuable aux activités industrielles de la région ainsi qu'à la pollution agricole et municipale. L'éperlan arc-en-ciel, autrefois abondant dans ce secteur, l'a délaissé en raison de la destruction des frayères situées dans les petits tributaires du fleuve.
Principales espèces présentes :
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Barbotte brune
Chevalier cuivré
Doré jaune
Doré noir
Esturgeon jaune
Grand Brochet
Méné queue à tache noire
Perchaude
Les habitats de ce secteur se caractérisent par une sédimentation importante. Les apports des nombreux affluents, comme les rivières Richelieu et Saint-François, en sont responsables en grande partie. Cette sédimentation favorise la formation de marais et de prairies humides. On y retrouve de vastes herbiers submergés dominés par la vallisnérie américaine et le myriophylle à épi. Les marais émergents sont peuplés par les scirpes, les sagittaires et les quenouilles. Plusieurs espèces de canards s'alimentent dans ces milieux, dont les fuligules qui affectionnent particulièrement la vallisnérie américaine.
L'érosion des berges, que ce soit en raison des facteurs naturels (vents, cycles de gel et de dégel, absence de glace pour protéger les berges au printemps) ou humains (vagues provoquées par le passage des navires), menace les habitats riverains. Les variations du niveau d'eau dans le corridor fluvial influencent l'écologie des espèces végétales et animales qui y vivent. Une diminution importante et prolongée des périodes d'immersion des berges pourrait avoir des conséquences sur la flore en favorisant la croissance d'espèces végétales plus terrestres, à caractère arbustif et même arborescent. En outre, la propagation d'espèces envahissantes exerce des pressions considérables sur la flore indigène de ces habitats.
Principales espèces présentes :
Vallisnérie américaine
Myriophylle à épi
Quenouille à feuille étroites
Quenouille à feuilles larges
Sagittaire dressée
Sagittaire latifoliée
Scirpe d'Amérique
Scirpe des étangs