Montmagny, Québec
Le site est situé à l'embouchure de la rivière Sud, sur la rive sud de l'estuaire du Saint-Laurent, face à la localité de Montmagny, qui se trouve à environ 70 km à l'est de la ville de Québec. La majeure partie du site est constituée de terres humides aux eaux saumâtres qui subissent l'action des marées. L'accumulation de sédiments à cet endroit a permis la formation de larges vasières. On retrouve également un marais à scirpes de chaque côté de la rivière. Bien que la végétation soit dominée par le scirpe d'Amérique, le site abrite d'autres espèces de plantes comme la zizanie aquatique, communément appelée folle avoine ou riz sauvage, diverses espèces de sagittaires, le scirpe valide, le rubanier à gros fruits, la spartine pectinée, l'eupatoire maculé, le lythrum salicaire ainsi que d'autres espèces de graminées et de cypéracées. Il est à noter que l'alose savoureuse fréquente les marais à scirpes et que l'anguille d'Amérique utilise le secteur lors de ses migrations.
Le site de Montmagny est surtout reconnu pour ses importantes concentrations de Grandes Oies des neiges (s.e. atlanticus) qui s'y arrêtent lors des migrations, et ceci est particulièrement vrai à l'automne lorsque au moins 5000 oiseaux peuvent y être observés régulièrement, un nombre qui représente environ 1 % de la population pour cette espèce. Certaines années, le site accueille des concentrations encore plus impressionnantes, comme ce fut le cas en 1997 lorsque 50 000 oiseaux furent dénombrés au cours d'une journée.
Le site héberge également des Bihoreaux gris nicheurs. On y a ainsi compté 125 individus en 1977, mais il semble que la population de cette espèce ait diminué au cours des années. Le site est aussi fréquenté par plusieurs espèces de limicoles, mais les données montrent que seul le Bécasseau semipalmé y est présent en nombre significatif avec plus de 15 000 individus à avoir été recensés au cours de l'automne de 1980. Plus récemment, en 1990, 11 900 individus ont été rapportés. Le Petit Chevalier est l'espèce qui se classe au deuxième rang des espèces les plus communes chez les limicoles avec un nombre maximum de 250 individus. Parmi les autres espèces de ce groupe qui sont aperçues régulièrement, on note le Grand Chevalier, le Pluvier semipalmé, le Pluvier kildir ainsi que les Bécasseaux à croupion blanc et minuscule.
Les inventaires qui ont été effectués au cours des années ont aussi permis de rapporter un grand nombre de canards, le Canard pilet étant l'espèce la plus abondante avec un maximum de 3500 oiseaux. Parmi les autres espèces communes, on retrouve la Sarcelle d'hiver, l'Eider à duvet et le Fuligule milouinan. Les Canards noir et colvert, la Sarcelle à ailes bleues, l'Harelde kakawi et le Fuligule à collier figurent, pour leur part, parmi les espèces qui fréquentent le site, mais en plus petit nombre. Les marais salants de Montmagny font partie d'un tronçon côtier de l'estuaire du Saint-Laurent qui a été identifié comme étant une zone de concentration de la sauvagine.
Le site accueille également, en nombre restreint, quatre espèces en péril, soit l'Arlequin plongeur (pop. de l'Est), une espèce en danger au niveau national, le Hibou des marais, une espèce à statut précaire, la Buse à épaulettes, une espèce à statut précaire, et le Faucon pèlerin, une espèce à statut précaire. Le Petit Blongios fréquente aussi le site en été. Il peut être observé sur l'étang qui a été aménagé par Canards Illimités. Sa présence suggère qu'un couple pourrait peut-être y nicher.
Depuis 2010, l'érosion dans le secteur de la Pointes-aux-Oies est de plus en plus prononcée. En hiver, les glaces sont de moins en moins présentes sur les battures, ce qui réduit de beaucoup leur effet protecteur. La problématique semble plus importante dans le secteur de l'aéroport. Il est à noter que la présence d'un ancien site d'enfouissement des déchets à proximité de la ZICO pourrait constituer une source de pollution. En effet, une étude menée en 1989 a fait ressortir que les hauts taux de zinc, de chrome et de mercure contenus dans le sol pourraient être reliés au dépotoir. Enfin, il a été démontré qu'en général les sédiments présents dans cette partie de l'estuaire sont contaminés. Près de la moitié du site est compris à l'intérieur des limites du refuge d'oiseaux migrateurs de Montmagny et une partie est incluse dans une zone d'interdiction de chasse (interdiction qui ne s'applique qu'à la grande oie des neiges). À l'automne, presque la totalité des oies se concentre à l'intérieur du refuge et de la zone d'interdiction de chasse, alors qu'au printemps, elles sont plus dispersées. Le site comprend également une zone inondable désignée (ZID) ainsi que deux secteurs désignés Habitat faunique ' aire de concentration d'oiseaux aquatiques, un statut qui interdit toute activité pouvant modifier l'habitat à cet endroit. Le site est également inclus dans la zone d'intervention prioritaire (ZIP) du Sud-de-l'Estuaire et il est aussi identifié comme un site potentiel d'importance régionale du Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage de l'hémisphère occidental.
Le marais à scirpe est l'habitat typique en bordure du littoral dans la région. Le fleuve présente un faible taux de salinité et la présence de marées remodèle constamment le paysage riverain. Plusieurs espèces, tels l'éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent) et le poulamon atlantique, fréquentent les zones en eaux peu profondes. De nombreuses espèces migratrices (anadromes et catadromes) sillonnent également les eaux du fleuve à cette hauteur. En plus des deux espèces mentionnées précédemment, on retrouve l'alose savoureuse, l'esturgeon noir et l'anguille d'Amérique, trois espèces prisées pour leur chair.
Des pressions de plusieurs origines menacent cependant la qualité et la disponibilité des habitats aquatiques. L'expansion des terres agricoles, le développement résidentiel, la villégiature et l'artificialisation des rives représentent des pertes d'habitats importantes. La présence d'obstacles difficiles à franchir limite les déplacements des poissons qui ne peuvent atteindre leur site de reproduction. Finalement, l'entretien de la voie maritime pour la navigation commerciale (dragage et rejet de sédiments dragués) réduit la qualité de l'eau et provoque la destruction de frayères. La diminution de la population de l'esturgeon noir dans le Saint-Laurent serait notamment attribuable à cette problématique. En raison de l'altération d'habitat, d'une forte exploitation de la pêche commerciale et sportive et du non-respect de la réglementation, la population de bar rayé de l'estuaire du Saint-Laurent a disparu vers 1968. En 2002, un important programme de réintroduction de cette espèce a été mis sur pied par le gouvernement provincial afin de permettre son rétablissement. Entre 2002 et 2009, plus de 6 300 bars rayés et 6,5 millions de larves ont été introduits dans l'estuaire du Saint-Laurent. Un réseau de suivi des bars rayés dans le fleuve a été créé en 2004 afin de suivre l'évolution de cette population.
Principales espèces présentes :
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Bar rayé
Doré noir
Éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent)
Esturgeon jaune
Esturgeon noir
Gaspareau
Poulamon atlantique
Les habitats côtiers de ce secteur sont soumis à des eaux légèrement salées et généralement troubles. On y trouve principalement des marais saumâtres, où dominent le scirpe d'Amérique, la sagittaire dressée et la sagittaire à larges feuilles. Grâce à son étonnant réseau racinaire, cette plante retient le sol, contribuant ainsi à protéger les rives contre l'érosion côtière. De plus, ses parties souterraines constituent une source alimentaire recherchée par l'oie des neiges lors des migrations.
La destruction et la perte d'habitat (par le remblayage des rives, l'assèchement des marais, l'urbanisation) sont les principales menaces qui affectent les écosystèmes du secteur. La pollution des eaux et les risques de déversements d'hydrocarbures demeurent des enjeux préoccupants. La propagation d'espèces envahissantes est à surveiller. Il est à noter que la région abrite 18 espèces floristiques endémiques, dont 3 espèces menacées au Québec.
Principales espèces présentes :
Sagittaire à larges feuilles
Sagittaire dressée
Scirpe d'Amérique