Sept-Îles, Québec
L'île du Corossol, qui fait partie de l'archipel de Sept-Îles, est située à 10 km de la rive nord du golfe du Saint-Laurent, à l'intérieur de la baie de Sept-Îles. Ce site comprend les îlots, les rochers et la zone marine qui s'étend sur 500 m autour de l'île, sauf dans le secteur de l'île Manowin où la frontière se situe à égale distance des deux îles. L'île du Corossol présente dans l'ensemble un relief rocheux et accidenté où trois ruisseaux intermittents se faufilent. Part du bouclier canadien, elle possède un soubassement formé de gneiss granitique. La végétation sur l'île se compose principalement de forêts mixtes (bouleau à papier et épinette blanche); celles-ci occupent les secteurs les moins élevés de l'île et couvrent près de 80 % du territoire. Arbustes et tourbières composent le reste du paysage. Le bouleau nain, l'amélanchier et le sapin baumier, que l'on retrouve dans les dépressions marécageuses de l'île, ont tous déjà fait l'objet d'exploitation. L'île comprend également un phare, une résidence qui lui est associée et quelques petits bâtiments.
L'île est fréquentée par un nombre impressionnant d'oiseaux marins coloniaux. Trois de ces espèces, tous des laridés, sont présentes en nombre significatif. Entre 1985 et 1998, il a été calculé qu'en moyenne 3611 couples de Goélands argentés avaient niché à cet endroit (maximum de 7254 couples atteint en 1985), ce qui correspond à environ 3 % de la population nord-américaine pour cette espèce. Toujours entre 1985 et 1998, il a été estimé qu'en moyenne 464 couples de Goélands marins avaient aussi utilisé le territoire, ce qui représente environ 1 % de la population nord-américaine pour cette espèce. La Mouette tridactyle est la troisième espèce avec une moyenne de trois années établie à 2892 couples (plus de 4000 couples observés en 1985 et 1988), ce qui équivaut à environ 1 % de la population de l'Atlantique pour cette espèce.
Le nombre de Cormorans à aigrettes atteint lui aussi presque le seuil nécessaire pour être considéré comme significatif au niveau continental; les 900 nids estimés représentant un peu moins de 1 % de la population de l'Atlantique pour cette espèce.
Parmi les autres espèces nichant à ce site, on retrouve le Guillemot à miroir (223 couples), l'Eider à duvet (581 couples), le Petit Pingouin (815 individus), le Guillemot de Troïl (316 individus) et l'Océanite cul-blanc (718 individus). (Les données proviennent du plus récent inventaire qui a été effectué en 1998.) Le Macareux moine et le Grand Héron comptent aussi parmi les espèces nicheuses, mais leur présence à ce site ne remonte qu'à quelques années (1996, pour les macareux et 1998, pour les hérons). Le nombre total d'individus nicheurs, toutes espèces confondues, était à peu près de 12 700, en 1993 (une densité d'environ 112 couples par hectare) et de 10 500, en 1998.
Les risques qu'un déversement d'hydrocarbures se produise dans le secteur sont augmentés par la présence d'un important port à Sept-Îles. L'accroissement du nombre de touristes pourrait également se traduire par un dérangement excessif des oiseaux.
Le site a été désigné Refuge d'oiseaux migrateurs, ce qui permet qu'une stricte réglementation y soit appliquée (interdiction pour toute personne de déranger les oiseaux nicheurs ainsi que de détruire ou prendre des nids). Le site fait également partie de la Zone d'intervention prioritaire de la côte nord du golfe du Saint-Laurent (ZIP no 12) et du Parc régional de Sept-Îles.
La zone côtière de la région présente une flore similaire à celle que l'on retrouve sur le littoral de l'estuaire maritime : gesse maritime, livèche écossaise, caquillier édentulé, glauce maritime, etc. Toutefois, on y retrouve deux plantes qui jouent un rôle particulièrement important dans la dynamique des écosystèmes littoraux : l'ammophile à ligule courte et l'élyme des sables. Ces plantes sont reconnues pour être d'importantes « fixatrices de dunes de sable ». Ces espèces réussissent à coloniser les milieux sablonneux, là où la plupart des autres plantes n'y parviennent pas. Bien adaptées aux conditions arides et dotées d'un réseau racinaire impressionnant, elles retiennent le sol, contribuant ainsi à atténuer l'érosion des berges. Dans les barachois, l'absence de courants marins et la faible profondeur des eaux favorisent le développement d'herbiers de zostère marine.
L'érosion côtière constitue la principale menace pour les habitats floristiques de la région. La destruction d'habitats par l'homme (le remblayage, l'assèchement des milieux humides et l'enrochement des berges) est également un enjeu de taille. Les risques de déversements d'hydrocarbures demeurent des enjeux préoccupants.
Principales espèces présentes :
Ammophile à ligule courte
Caquillier édentulé
Élyme des sables
Gesse maritime
Glauce maritime
Livèche écossaise
Zostère marine